Le réseau des établissements engagés pour l'accueil des étudiants en exil
Depuis
2017
Établissements membres
56
Étudiant.e.s en exil accueilli.e.s chaque année
1800
Associations membres
12
Diplômes d’Université Passerelle habilités
42
Partenaires institutionnels
11
La défense de l’égalité des chances et solidarité
Le respect des cultures et valeurs des personnes étrangères
La diversité des membres et représentation nationale
Salah
Originally from Darfur, where I had started studying chemistry, I had to take refuge in South Sudan, then in Chad (Kariyari camp) because of inter-ethnic violence. In 2013, I made the crossing to Lampedusa, then left Italy for France. After many months, I was able to obtain the status of asylum seeker, then finally of refugee in 2020: seven years of difficulties, anxiety, but also of fulfilling cultural and human enrichment.
A door opens at the university
In Italy, I had met teachers from the University of Sorbonne Nouvelle who were helping in refugee camps. When I was finally able to think of my future, I wrote to them in Paris and they told me about a "bridge" year at the university that could allow me to resume my studies, with a good level of French. The registration was free and I could stay in a university room.
We just finished classes, and I passed the exam well. But above all I appreciated the very friendly support of the teachers, who helped us enormously; not only with the language.
My projects: helping, as much as I have been helped
I'm going to take a year's break to work and save money, while still improving my French. Then I'll go back to university, but chemistry is too far away now. I want to study social sciences and wish to help people in
SALAH IN THE HONOR COURTYARD OF LA SORBONNE, WITH STATUES OF VICTOR HUGO AND LOUIS PASTEUR
need, through social services. I speak now five languages (Beria, my local mother tongue;Arabic, English, Italian and French) and it could be useful for mediation with foreign families, especially refugees. I intend to apply for the diploma “Hospitality, Mediations, Migrations”, at Inalco, a university in Paris.
Thinking back at this whole period, I say to myself that I could have used seven years of my life much better, if I could have gone directly from the Kariyari camp to the French university. But I am still young, and enriched from all the human encounters I made during those difficult years.
ABDUL-AZAM
Abdul-Azam AZIZI est originaire d’Afghanistan, plus précisément de Kaboul. Il est arrivé en France il y a 3 ans. Il est interprète-médiateur diplômé de la 1ère promotion du DIU Hospitalité, Médiations, Migrations (Inalco-Université de Paris) et poursuit ses études à l'Inalco en Relations internationales et en persan.
Quelle est votre formation initiale ? Vos études et/ou profession en Afghanistan ?
A Kaboul, J'étais étudiant en 3ème année de Droit et Sciences politiques quand j’ai dû partir. Je souhaitais devenir professeur à l’Université. Et pour payer mes études, j’étais enseignant d’histoire et de persan (langue et littérature) pour un niveau collège.
Quand êtes-vous arrivé en France ?
Je suis arrivé en France en janvier 2017 à Paris, Gare du Nord.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Dès que je suis arrivé en France, j’ai rencontré pas mal de difficultés. Au début, j’étais "dubliné"
Mes empreintes avaient été prises en Norvège et là-bas, on m’avait refusé le statut de réfugié donc j’avais peur d’être renvoyé de France comme je l’avais été de Norvège. Et si j’étais renvoyé par la France en Norvège, le pays que j’avais fui, c’était risquer l’expulsion en Afghanistan. J’ai passé une semaine dans la rue avant de réussir à rentrer dans le camp de réfugiés de la Chapelle. J’avais des espoirs car dans le camp, ils donnent de l’aide aux arrivants. Mais après 3 jours, ils m’ont transféré à Tarbes.
Une fois là-bas, environ un mois après, ils ont pris mes empreintes et les problèmes ont commencé. Selon la procédure, pour déclarer ma présence sur le territoire, je devais me présenter au commissariat chaque semaine. Ce que j’ai fait jusqu’à ce qu’un jour, ils ferment les portes sur moi et me disent que je ne pouvais pas repartir cette fois. Ils m’ont transféré au centre de rétention de Toulouse, la dernière étape avant de me renvoyer en Norvège. Je suis resté au centre une dizaine de jours et je me suis présenté au tribunal deux fois, mon dossier a été rejeté à chaque fois donc j’allais être expulsé. Mais au dernier moment un article a paru plus indulgent envers les réfugiés qui respectaient la procédure.
Cet article autorisait les réfugiés à partir d’eux- mêmes et non contraints par la force. A la dernière minute, j’ai eu droit de me présenter une troisième fois au tribunal et là le juge m’a libéré du centre de rétention. Je suis retourné à Tarbes et j’ai fui à Paris, de crainte de retourner au centre de rétention et d’être expulsé pour de bon. Ensuite j’ai vécu 18 mois dans la clandestinité. Grâce à des amis, je ne dormais plus dans la rue mais je n’avais le droit ni à l’Université, ni au travail, ni à aucune aide. Pour reprendre mes études d’une manière ou d’une autre, j’ai commencé les cours de français dans différentes associations à Paris et en Ile de France. Grâce à ces cours, j’ai enfin réussi à acquérir un niveau débutant en langue française fin 2018.
Comment avez-vous connu l’Inalco ?
Grâce aux bénévoles de l'association ‘la 1011’ qui donnait des cours de français à la MIE Paris 3eme, j’ai entendu parler de l'Inalco. Je n'arrêtais pas de demander de l’aide pour rentrer à l’Université et reprendre mes études alors une bénévole m’a conseillé de me renseigner sur Inalc’ER. Je ne perdais pas ma volonté de revenir à l’Université. Elle m’a parlé d’un programme destiné aux réfugiés et m’a dit d’essayer de déposer un dossier a la même période, j’ai aussi reçu une réponse
positive de l’OFPRA, m’accordant la protection subsidiaire, après mes multiples recours… que de joies !
Comment s’est passée votre intégration au sein de l’Inalco ?
Début 2019, j’ai intégré le programme Inalc’ER. Petit à petit j’ai rencontré des camarades de tous les pays, j’ai profité des tuteurs, des étudiants en maîtrise par exemple qui étaient très gentils. Ils nous indiquaient comment dépasser les difficultés au niveau des cours. J’ai profité de professeurs qui étaient tellement investis. Sans cesse ils nous accompagnaient, ils nous apprenaient le français mais pas seulement, ils nous montraient le chemin et les différentes possibilités que nous pouvions avoir si nous souhaitions travailler ou étudier. C’était très concret et stimulant. Par exemple on avait des rendez-vous dans des écoles de commerce pour connaître ce milieu, à la BNF pour les expositions…
Parlez-nous de votre parcours à l’Inalco
L’Inalc’ER, c’est sur deux ans. Pour ma part, j’ai suivi tous mes cours de langue et d’intégration jusqu’à l’été 2019 puis j’ai tenté d’intégrer la 2ème année de Relations Internationales et Langue Persan. J’ai réussi à suivre ce cursus l’année dernière et j’ai aussi eu la chance de faire partie de la première promotion du DIU H2M dont m’avait parlé mon professeur d’Inalc’ER.
Pourquoi avez-vous choisi cette formation ?
Je voulais travailler auprès des exilés et avoir une légitimité. Ici, sans diplôme c’est un peu compliqué, cela permet aussi de mettre en avant des compétences.
En plus, je venais de vivre ce parcours de migrant. J’ai senti que je pouvais apporter beaucoup d’aide. Je comprenais les difficultés qu’on pouvait passer dans ces situations. Être interprète, je l’avais été à Pôle Emploi, à la Mission Locale, à la CAF, à la Préfecture, à la banque… mais je pensais que c’était bien d’approfondir mon action. La médiation, c’était une idée importante et intéressante pour moi, pas seulement traduire mais établir un lien avec les personnes et entre les personnes. Personnellement, je n’aime pas le conflit et je cherche toujours des solutions, j’ai pensé que je pourrais réussir dans ce métier.
INTERPRÈTE- MÉDIATEUR DIPLÔMÉ DU DIU H2M ET ÉTUDIANT À L'INALCO
Combien de langues maîtrisez-vous ?
Je maîtrise 4 langues. Ma langue maternelle, le persan. Je comprends le pachto également, la seconde langue officielle en Afghanistan. Je lis et j'écris l'arabe. Je parle couramment le français. Je parle un peu l'anglais et le norvégien de par mes voyages et mes études.
Durant la crise sanitaire, votre promo du DIU s'est mobilisée en faveur des personnes vulnérables. Racontez-nous votre expérience.
Pour commencer, je dois dire que moi-même je n’étais pas très en forme pendant le confinement. Je m’ennuyais et je perdais mon enthousiasme petit à petit. Je poursuivais mes cours mais je n’étais pas très bien. Soudainement, les professeurs ont proposé de soutenir concrètement les gens qui rencontraient des difficultés de compréhension ou de solitude avec la crise.
Ce travail m’a beaucoup aidé, ça change les choses d’être utile pour les gens qui ont plus besoin d’aide que moi. J’ai traduit, interprété, j’ai mis en forme des documents précieux, par exemple des textes d’information pour la Croix Rouge dans le contexte de la crise sanitaire, des renseignements de la préfecture sur les procédures de demande d’asile ou les dispositifs sanitaires, les guides de Watizat. J’ai aussi travaillé avec Le Cèdre pour prendre des nouvelles régulières de personnes loin de leur pays et sans famille
Avez-vous d’autres activités en dehors de l’Inalco ?
Je travaille à la BULAC, bibliothèque de l’Université. Je suis investi dans plusieurs associations, notamment culturelles.
Quels sont vos projets, vos objectifs ?
J’aimerais continuer mes études jusqu’au doctorat et devenir professeur à l’Université.
J’espère travailler dans un domaine de médiation culturelle entre France et Afghanistan.
Nour
Nour a dû quitter Damas en octobre 2016, à 27 ans. Licenciée de littérature anglaise, socialement engagée dans plusieurs ONG, elle se sentait de plus en plus menacée. L’entreprise française qui l’employait alors comme coordinatrice des achats l’a aidée à obtenir un visa. Arrivée en France, sa demande d’asile déposée, commence une période de grande incertitude, d’un logement de fortune à l’autre. Le problème du logement est crucial pour les nouveaux arrivants, surtout pour une jeune femme. L’autre barrière, parfois génératrice de panique, c’est la langue, face aux formulaires administratifs incontournables.
Les associations, une famille française…
Ce sont d’abord des associations qui vont l’aider à surmonter ces obstacles. Elle suit ses premiers cours de français auprès de l’association « femmes initiatives ». En parallèle l’association Singa, qui a pour objectif de « créer du lien entre personnes réfugiées et société d’accueil », la dirige
vers le programme CALM (« comme à la maison… »). Une famille française lui ouvre sa porte, en banlieue parisienne, près de Créteil. Elle est accueillie à bras ouverts, la plus jeune sœur rejoint son aînée et lui laisse sa chambre. Elle restera 8 mois, de quoi se sentir en famille, d’apprendre le français courant… et d’obtenir le statut de réfugiée ! Les bonnes choses arrivant en chaîne, elle entend parler de cours de français proposés par l’UPEC (Université Paris-Est Créteil), non loin de chez elle. Candidature, tests très sélectifs… elle est
à la préparation du Diplôme « Passerelle », mis en place par l’université et soutenu par l’Agence universitaire de la Francophonie et ses partenaires, pour accueillir les étudiants en exil et leur permettre d’intégrer une formation universitaire en France.
… puis l’université.
Lorsque Nour parle du Département de langue (DELCIFE) qui organise ce diplôme (avec le soutien du programme AIMES), son sourire s’élargit encore. Que d’éloges ! La chaleur de l’accueil, la qualité des enseignants (même la grammaire lui a paru facile), les sorties culturelles, les amitiés liées et maintenues… la voici en route vers le niveau B2 en français, avec une immersion progressive dans le département où elle souhaite poursuivre ses études.
Elle devra réaliser un stage de terrain de 6 mois en M1, et deux stages durant l’année de M2. Passionnée par ses cours, elle se voit plus tard porter la cause des femmes dans des arènes internationales, surtout celle des femmes du Moyen Orient.
C’est une nouvelle vie qui s’ouvre pour elle, personnelle et professionnelle, grâce à toutes les « belles rencontres » qu’elle a faites en France, mais aussi grâce à sa persévérance et son optimisme…. Bravo Nour, et bonne chance !
Et maintenant ?
Test du niveau B2 en FLE réussi, sa licence syrienne validée ainsi que ses engagements auprès d’ONG autour de Damas, Nour est admise dans le Master « Politiques publiques, parcours Action humanitaire internationale », à Créteil. Elle a perdu le RSA en s’inscrivant à l’université, mais elle va bénéficier d’une bourse du CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires)qu’elle complète en travaillant le week-end.